Educatrice spécialisée dans la prise en charge des troubles de l 'autisme - Trégor, région de Tréguier - Côtes d'Armor

LE GROUPE DE PAROLE

Le groupe de parole s'adresse aux personnes adolescentes ou adultes porteuses de TSA* et/ou ayant un syndrome d'Asperger*
Le groupe a lieu une fois par mois, en partenariat avec
l’association ATG*.

Le groupe de parole est avant tout un lieu d’echanges et de rencontres.
C’est un moment de partage et d’écoute réciproque qui permet à chacun de dire, sans peur du jugement de l’autre.
C’est un lieu qui encourage l’expression ouverte des sentiments, des difficultés et des émotions.

Le groupe fonctionne de manière ouverte et non contraignante.

Nous abordons toutes les thématiques que le groupe souhaite aborder: le diagnostic, l’insertion professionnelle, les rapports amicaux et amoureux, la gestion des conflits, la reconnaissance, l’expression et la gestion des émotions en sont quelques exemples.

Chacun y apporte son expérience et son témoignage afin de construire des éléments de réponses.

On peut aussi venir juste pour l’écoute.

L’idée que le groupe devient le témoin et le soutien des changements, des réussites, des évolutions de chacun me tient à coeur. Le groupe stimule les encouragements et développpe la solidarité entre les participants.

Le groupe peut aussi permettre de réduire un isolement et favorise la capacité de chacun à devenir acteur de son propre changement.

Les participants ont ainsi la possibilité de constituer un réseau et de continuer à échanger en dehors des temps de réunion. Certains ont, par exemple, organisé des sorties entre eux ou travaillé sur des projets communs

Je tiens à animer ce groupe d’une façon non directive et respectueuse des personnes.
Je reformule, guide les échanges avec discrétion et confidentialité.

Article de presse - Avril 2018

Logo Ouest France Lannion. Ce groupe fait sortir des autistes de leur bulle

Ils sont autistes Asperger ou de haut niveau. Brillants, ces jeunes souffrent de troubles de la communication et de l’isolement qui les enserrent. Un récent groupe permet de libérer leur parole, à Lannion (Côtes-d’Armor).
Pas plus banal dans la vie qu’une pause-café, pensez-vous. Eux la vivent comme un calvaire. « C’est simple : on fuit ce moment-là », le disent tout net Corentin, Cédric et plusieurs autres autistes Asperger ou de haut niveau, en relatant leurs expériences dans le cadre de stages ou du travail.
Faute de détenir les codes de conduite sociale, ces jeunes témoignent du flottement que leur inspire cette pause-café, ce moment fait de rires, d’échanges spontanés et de blagues qui leur échappent.

Un rendez-vous mensuel

photo avec des personnes autistes

Cette angoisse donne la mesure des difficultés de communication et d’interactions sociales, rencontrées par ces jeunes. Alors ce vendredi, assis autour de Françoise Le Goff, éducatrice spécialisée, ils sont six garçons à mettre des mots sur ces maux du quotidien. Une fois par mois, ados et jeunes adultes autistes ont ainsi la possibilité de se joindre au groupe de parole qui leur est dédié depuis peu, à l’initiative d’Autisme Trégor Goëlo.
« On souhaitait le mettre en place pour eux qui n’ont ni déficience intellectuelle, ni retard de langage » , décrypte Élizabeth Schumacher, la présidente de l’association.
« La taille du groupe est variable d’un mois à l’autre » , explique Françoise Le Goff. Le cercle qu’elle anime se révèle à dominante masculine. Et pour cause : les troubles du spectre autistique touchent un enfant sur 150, mais dans des proportions de l’ordre de quatre garçons pour une fille.

« La tentation du repli »
Pour la plupart, participer à ce rendez-vous impose d’aller à l’encontre de l’isolement, qui constitue leur réflexe et leur refuge. « On a souvent la tentation du repli, décrypte Cédric, 26 ans, le plus expansif du groupe. Moi, j’ai compris dès le collège qu’il fallait se forcer et s’ouvrir aux autres, car la sensation d’isolement est trop douloureuse à vivre » . Avec une volonté forcenée, le jeune homme se démène pour devenir autonome. Maintenant qu’il possède son logement et sa voiture, le Trégorrois tient plus que tout à s’insérer dans la vie active. « Mais c’est bien difficile : la France a du mal avec ses handicapés » , tempête ce passionné de politique et de journalisme.
Aujourd’hui, il est justement question de lettre de motivation, de stage en entreprise. Bref, d’insertion professionnelle. Beaucoup y aspirent.

« Voir des gens comme moi »
« Moi, je n’ai pas trop de mal à aller vers les gens, mais j’aime être tout seul. C’est comme ça, témoigne Sylvain. Depuis tout petit, j’adore la technologie. Enfant, j’ai démonté et remonté un ordi pour comprendre ses composants et sa structure ! » , témoigne ce détenteur d’un BTS en microtechnique.
Ce qu’il vient chercher dans ce groupe ? « J’apprécie d’y rencontrer des gens comme moi et de croiser nos expériences » , évalue celui qui aborde de lui-même son « élocution particulière » et sa « difficulté à affronter le regard des gens » .
Awel, collégien introverti, préfère écouter les plus grands. Dylan, 20 ans, se fait également très discret. « On ne contraint personne à s’exprimer. Mais mon rôle consiste à distribuer équitablement la parole afin que tous ceux qui le souhaitent, puissent s’exprimer » , indique Françoise Le Goff.
La professionnelle oriente les discussions. « On aborde des thèmes convenus avec eux, en rapport avec leurs préoccupations. » Sans négliger l’évocation de « certains aspects positifs » . Car la professionnelle souligne « la pensée rigoureuse » et « les intérêts spécifiques » qui permettent parfois à ces autistes Asperger et de haut niveau d’exceller dans leur domaine. Mais cela ne suffit pas toujours au bonheur des intéressés, qui doivent sans cesse lutter contre cette tentation du repli.

Autisme Trégor Goëlo, Élizabeth Schumacher au tél. 02 96 37 40 56 ou au 06 86 96 27 56.

Témoignage du groupe de parole en confinement - Mai 2020

AUTISME TRÉGOR-GOËLO LANNION

LE GROUPE DE PAROLE DURANT LE CONFINEMENT

Par Vincent LARNICOL

Il est vrai que l'épidémie de Covid-19 entraînant le confinement nous a tous chamboulés. Qu'aurions-nous fait si l'ingénieuse initiative de Françoise consistant à tous nous retrouver sur la plateforme Zoom tous les jeudis à 18h n'avait pas été au rendez-vous ?
De mon côté, cela a été une expérience plutôt enrichissante. Je me suis connecté avec ce groupe car j'ai souhaité, malgré la distance, maintenir contact et continuer de partager mes créations.
Ainsi, durant ce créneau, chacun a pu échanger autour de plusieurs thèmes abordés : à savoir comment gérer son temps et son quotidien. Tous les récits ont été touchants, entre émancipation et manque d'idées. Par exemple, Catherine, vivant dans les Dom-Tom, ne pouvait même pas sortir se balader sur la plage, tout juste si elle pouvait mettre le nez dehors sans sortir de chez elle.
Il a été aussi question du travail, comme Gaël, notre éleveur préféré de serpents et de boas, surtout au niveau de l'équipement de sécurité (masques, surblouses, gel...).
Ou encore de l'utilité optimale de l'attestation dérogatoire (normale puis adaptée aux personnes en situation de handicap) pour les premières nécessités, comme les courses. Les émotions qui nous traversent, les angoisses...

Le manque de la famille et des amis a été également au rendez-vous. Certains d'entre nous ont eu la chance, voir un miracle, de rejoindre leurs familles avant le confinement ou PENDANT, si je ne me trompe pas. D'autres en souffrent, malgré le fait de pouvoir les voir à travers l'écran, par le biais de Skype, Facebook... Le contact affectif est cruellement en manque mais il a fallu que cette pandémie nous ait un peu enlevé ce droit. Autant faire avec, ce qui n'est pas simple pour tout le monde.
Toutefois, il n'y a pas eu que ça, nous nous sommes retrouvés simplement pour discuter de choses et d'autres. Ses créations, ses projets, ses attentes quant à la sortie du déconfinement. Bien sûr, nous n'avons pas caché nos doutes à ce sujet. Cela ne nous a pas empêchés d'avancer. Ni même Cyril, le grand bavard du groupe, toujours avide de projets et de questions.
Ces réunions nous ont fait beaucoup réfléchitr quant à nos projets, nos attentes et nos envies. Toutes les questions sont presque parcourues, cependant, il nous reste du chemin à faire, car le virus n'est pas pour autant disparu.
Je ne souhaite qu'une chose, après le déconfinement et bien plus tard, ce serait à refaire... En particulier pour les personnes dans l'incapacité de se déplacer.

Un grand merci à toi, Françoise.

Poème - Covid-19

FOUGUE

Vincent Larnicol
Par la fenêtre du désert
Un tramway est passé
Chevelure d'horizon
En direction du soleil
Qui a hâte de sortir heureux
Si tu ouvres la photographie

Je veux te rendre l'océan
Des mains de cette couronne maléfique
Nous serons peinture
Ainsi sur ta peau rêveuse
Depuis bien des ombres
Mais le chant du criquet divague

Où puis-je t'embrasser
Hors de ces murs dressés invisibles
De leurs souvenirs
Sinon laver le crayon du poème
Dessinant tes pupilles
Déformées dans l'eau du désir

Demandons au loup
Attestant de sa lévitation
Au-dessus des barrières
Caresser son flanc de roseau
Mûrir afin de ne pas mourir
Ses conseils m'ont écrit

Ils me disent d'avancer masqué
Tant que le contact olfactif
Se lie avec un tendon de sable
Une feuille s'y pose
Verte comme un chemisier
Entrouvrant un chandelier éveil

Vous trouverez en cliquant sur les liens, un article réalisé en 2018 et paru dans Ouest-France ainsi que quelques exemples de réalisations de certaines personnes des groupes de parole que j'anime qui ont bien voulu nous faire profiter de leurs talents.